Comment amener les personnes âgées à raconter leur histoire ?

Beaucoup de personnes âgées pensent n’avoir « rien d’intéressant à raconter ». D’autres sont pudiques, ou ont peur de la caméra. Et pourtant… ce sont souvent les témoignages les plus profonds, les plus beaux, les plus précieux. Dans mon travail avec My Héritage by ML, je rencontre chaque semaine des grands-parents qui, au départ, n’étaient pas volontaires. Et pourtant, quelques heures plus tard, ils me confient leur vie, leurs émotions et leur regard sur le monde.

Comment ? Grâce à une approche humaine, douce et structurée. Voici mes techniques.

1. Créer un climat de confiance avant même d’allumer la caméra

Avant de sortir le matériel, je prends le temps. On boit un café, on discute. Je me présente, je rassure, j’explique pourquoi on fait cela : ce n’est pas pour “filmer”, mais pour transmettre une mémoire. Je précise que tout peut être coupé au montage, que rien n’est imposé, et que c’est eux qui décident de ce qu’ils veulent dire ou pas.

🎯 Objectif : désamorcer la peur du jugement et leur redonner le pouvoir sur leur parole.

2. Valoriser leur histoire, même s’ils la trouvent banale

Je leur dis souvent :

« Ce que vous avez vécu, personne d’autre ne pourra jamais le raconter comme vous. »

La modestie est souvent un frein. Je valorise leur vécu en expliquant que les petits souvenirs du quotidien sont des trésors pour leurs enfants et petits-enfants. Un détail, une anecdote, une odeur de cuisine, un souvenir d’école… ce sont ces fragments qui constituent une mémoire vivante.

🎯 Objectif : leur faire comprendre que leur voix compte, vraiment.

3. Adapter mon langage et mon rythme

Je parle clairement, lentement, sans jargon. Je respecte leur rythme. S’il y a des silences, je les accueille. Je ne coupe pas la parole. Je montre que je suis là pour écouter, pas pour diriger.

🎯 Objectif : qu’ils sentent que je suis présente pour eux, pas pressée, et que je les respecte dans leur manière d’être.

4. Utiliser des questions ouvertes et progressives

Je construis toujours mes interviews comme un voyage. On commence par le simple, le rassurant :

• Où êtes-vous né(e) ?

• Comment étaient vos parents ?

• À quoi ressemblait votre maison ?

Puis, petit à petit, on ouvre la voie aux souvenirs plus intimes, à leurs émotions, à leurs choix de vie.

🎯 Objectif : créer une narration naturelle qui les amène à se livrer sans s’en rendre compte.

5. Toujours laisser une porte de sortie

Je leur rappelle à tout moment qu’ils peuvent s’arrêter, revenir plus tard, refuser de répondre à une question, ou me dire d’enlever une partie au montage. Je ne filme jamais dans le stress ou dans l’inconfort.

🎯 Objectif : qu’ils sentent que leur dignité est au cœur du projet.

6. Leur montrer la portée de leur témoignage

Je partage parfois des extraits (avec autorisation) d’autres témoignages, ou des retours de familles émues. Je leur explique que cette vidéo ne sera pas sur YouTube ou à la télé, mais dans la main de leurs proches, peut-être encore dans 50 ans.

🎯 Objectif : leur donner une raison forte, intime, d’accepter.

Témoigner, ce n’est pas s’exposer : c’est laisser une trace

My Héritage by ML, ce n’est pas un projet de tournage. C’est un projet de transmission. Et pour transmettre, il faut d’abord écouter avec bienveillance. C’est pour cela que je mets autant de soin à chaque rencontre. Pour que, même les plus timides, les plus réticents, osent ouvrir la boîte à souvenirs… et que leurs proches puissent en garder une trace infinie.